3 octobre 2006

Le lecture du proème à la lumière du dzogchen (suite 2)

Ou comment déchirer le voile des apparences.


"Qu'une habitude, née d'expériences multiples, ne t'entraîne pas en cette voie : mouvoir un oeil sans but, une oreille et une langue retentissante d'écho; mais par la raison, décide de la réfutation que j'ai énoncée, réfutation provoquant maintes controverses". Fragment 7.3-8.1

Ce passage est le troisième et dernier (parmi les fragments retrouvés) se rapportant au discours vrai de la déesse sur les apparences. Car la voie dont il est question est bien celle des mortels. Dans la première citation la Déesse nous dit ce que sont les apparences, une pure réalité nominale ou conceptuelle («Seront donc un nom tout ce que les mortels…»). Elle nous en donne ici la cause : l’habitude qui entraîne les mortels à faire un usage à la fois agité et endormi de leur sens («mouvoir un oeil sans but, une oreille et une langue retentissante d'écho»). Cette habitude (provenant d’une expérience indéfiniment répétée) consiste donc à conceptualiser l’objet sensoriel ou à le saisir, à le collectionner ensuite pour fabriquer le domaine des apparences. Après nous avoir dit le pourquoi elle nous dit comment nous en défaire : «par la raison, décide de la réfutation que j’ai énoncée». Cette décision est donc susceptible d'apporter une détente suffisante pour inverser le processus. Mettant un terme à cette crispation (inconsciente) que constitue la saisie des phénomènes, les apparences ne sont plus qu’une mer sans eau, remplie par la clarté non duelle de l’Etre.

Suivons les conseil de la Déesse et décidons de sa réfutation, qui constitue sa présentation de l'Etre à Parménide, après avoir analyser ses arguments. Ce que nous allons essayer de faire en les lisant (puisque nous ne pouvons malheureusement pas les entendre).

Suite au prochain post

N.B.
On retrouve cette même détente dans les deux derniers des 6 vers du Vajra (voir post précédent) :
« Abandonnez l'attitude qui s'efforce de saisir / Et demeurez dans la spontanéité, laissant toute chose dans leur état naturel ».

Pour s’amuser voici les 4 nobles vérités de la Déesse :
Vérité des apparences (pour les mortels)
Origine des apparences (saisie ou conceptualisation des phénomènes)
Cessation des apparences (expérience non duelle de l’Etre)
Chemin de la cessation des apparences (décision à propos de son argumentation)