21 octobre 2006

Fragment VIII (suite 8)

Avant le voyage et pendant le voyage



Après ce détour on peut revenir à la formulation initiale :
« Comment pourrait-il être par la suite, lui qui est ? Et comment serait-il venu à l’être ?
Car s’il est venu à l’être, il n’est pas, non plus, s’il doit être un jour. Ainsi est éteinte la genèse, éteinte aussi la destruction, disparue sans qu’on en parle. » (vv.20,21)

L’argument présent repose donc sur une définition de l’être qui exclut le non-être (voir le post précédent). On peut le comprendre sans avoir besoin de corriger son asymétrie. La naissance n’est pas une naissance dans un passé indépendant ni le fait d’être dans un futur indépendant. Seulement la naissance précède le fait d’être ou le fait d’être est ultérieur à la naissance parce qu’il en résulte. Tout simplement. Les deux membres de la proposition ne sont pas nécessairement redondants, outre le fait qu’ils permettent de faire une relation entre le changement et le résultat du changement, on peut les comprendre différemment.
Précisons l’argument :
« Car s’il est venu à l’être il n’est pas <pendant qu’il vient à l’être> non plus s’il doit être un jour <avant qu’il ne vienne à l’être>. »
Nous l’avions déjà mentionné la naissance c’est à la fois une apparition et un développement or ni l’un ni l’autre ne sont possible car le premier se fait à partir du non être et le second à partir d’un moindre être vers un plus d’être. Or qui dit plus et moins dit mélange entre l’être et le non être (donc non être).
L’argument décrit alors précisément ce que fantasment les mortels à partir des apparences (un mélange entre être et non être).

Non seulement la genèse est éteinte mais aussi la destruction « disparue sans qu’on en parle » car en refusant d’être subsumé sous la définition des mortels l'être parménidien échappe à l’une comme à l’autre. Au même titre que la naissance, la mort est un fantasme des mortels qui pensent l’être dans une durée comprise entre les deux (l’être n’est pas avant la naissance et non plus après la mort).
Nous pouvons alors compléter l’argument (trop évident pour avoir été donné) :
« Car s’il est mort, il n’est pas <pendant qu’il meurt>, non plus, s’il doit ne plus être un jour <après la mort>. »

N.B.
On peut aussi comprendre l’argument :
« Car s’il est venu à l’être il n’est pas <au sens absolu> non plus s’il doit être un jour <pour être>. »
Et le compléter ainsi :
« Car s’il est mort, il n’est pas <au sens absolu>, non plus, s’il doit ne plus être un jour <après la mort>. »


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