8 octobre 2006

Fragment II (suite 3)

Petite cartographie


Le Poème comporte donc 3 hypothèses :
I) « esti » (« est »)
II) « ouk esti » (« n'est pas »)
III) « esti » et « ouk esti » (« est » et « n'est pas »)
La seconde hypothèse est la contradictoire de la première, la troisième est donc impossible (selon le principe du tiers exclu). Elle résulte de l'ignorance des mortels quant à la nature des deux premières et est constitutive du domaine des apparences. Pour en sortir les mortels doivent donc choisir entre les deux premières. La présentation que fait la Déesse à Parménide de la nature de la première hypothèse conduira alors au rejet de la seconde.

A ces 3 hypothèses correspondent 3 voies :
1) voie conduisant au « esti » (à partir des apparences)
2) voie conduisant au « ouk esti » (à partir des apparences)
3) voie faisant retour sur elle même (dans le domaine des apparences)
Seule la première est une voie véritable. La deuxième ne peut exister car son terme n’existe pas. La troisième est une sorte d’illusion non seulement elle fait retour sur elle-même mais elle tente de mélanger ce qui ne peut se mélanger et dont l’un des deux ingrédients n’existe pas.

Nous avons donc le schéma suivant :
A) « esti »
B) voie conduisant au « esti » (à partir des apparences)
C) « esti » et « ouk esti » = voie qui fait retour sur elle-même
D) « ouk esti » = voie conduisant au « ouk esti »
On peut identifier les deux dernières hypothèses avec leur voie respective puisque dans un cas ni l’une (II) ni l’autre (2) n’existe et dans l’autre cas (III) se réduit à (3) puisque ce n’est pas une voie, ce sont les apparences. C) et D) seront éliminé au fur et mesure d'une progression sur B). Pour finir il ne restera que A) puisqu’à terme B) deviendra inutile.

C’est pourquoi seule la formulation positive fera l’objet d’un développement :
(i) « esti » (prédicat « est »)
(ii) « to eon » (participe substantivé « l’étant »)
(iii) « to eon emmenai » (dédoublement pour former une proposition « l’étant est » et par la suite « il <> est inengendré »).

On peut alors voir trois niveaux de vérités :
1) vérité = « esti »
2) discours vrai sur le « esti » (savoir de la Déesse)
3) discours plus ou moins vraisemblable sur les apparences (opinion des mortels).
Le discours vrai sur les apparences ou sur le « ouk esti » fait partie du discours sur le « esti » (il sera alors négatif). La vérité s’identifiant au « esti » est indicible. Le critère de vérité de 2) est une adéquation au réel et celui de 3) ne peut être que la cohérence du discours.

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