Le raisonnement persuasif de la Déesse.
Avant de poursuivre le déchiffrement des vers, nous pouvons refermer l’argument de l’intemporalité. Car il s’agit bien de l’intemporalité (du « maintenant ») et non seulement des caractères inengendré et impérissable. L’être est inengendré et impérissable (v.3) parce qu’il est intemporel (v.6).
On peut en distinguer trois parties. (i) La proposition initiale : « Il n’était pas à un moment, ni ne sera <à un moment>, puisqu’il est maintenant tout entier ensemble, un continu. » (ii) Une première réfutation de la naissance fondée sur l’impossibilité d’une origine et (iii) une seconde basée sur les conséquences qui en résulteraient. Pour revenir au début il suffit de poser une équivalence entre « être à un moment donné » et « provenir d’une naissance » (ce que nous autorise les lectures précédentes). Et puisque l’être qui s’inscrit dans une durée s’inscrit entre les moments de la naissance et de la mort, l’équivalence concernera aussi la disparition.
(i) Il est maintenant, tout entier ensemble, un, continu, donc il ne sera pas à un moment donné (passé ou futur).
« Etre à un moment donné » est équivalent à « provenir d’une naissance » (ou « être voué à une disparition »). Idem pour les négations.
(ii) Une naissance est impossible (car elle ne peut provenir ni du non-être ni de l’être).
(iii) Si on pose une naissance il en résulte des conséquences impossibles (l’être n’est pas).
(i) a - > non b
non b = non c
(ii) non c
(iii) c -> non d
non d, non c
(iv) a (car a = b)
Nous avions déjà nommé ce genre d’argument un « argument persuasif » au sens où il ne saurait faire l’objet d’une réfutation (par la contraposition du conditionnel, b, non a). En effet la position de « b », par son équivalence à « c », est démontrée impossible à la fois par (ii) et par (iii). L’antécédent initial s’en trouve alors renforcé et non seulement l’intemporalité (« le maintenant ») mais aussi les caractères « tout entier ensemble, un, continu ».
Si on va jusqu'à poser à nouveau « a » pour refermer l’argument (iv) cela aura pour effet de changer l’implication initiale en une équivalence. Au terme du raisonnement on découvre alors que le « maintenant » est équivalent au fait qu’il ne soit pas tributaire du temps. Si on trouve quelque chose de cette sorte cela nous permet alors de remonter au « maintenant » par une implication inverse à (i).
Ces caractères accolés au « maintenant » ou des caractères semblables feront précisément l’objet de la prochaine démonstration
N.B.
D’autres analyses sont possibles. Par exemple de penser que la seconde réfutation de la naissance fait partie de la première, et donc de la seule, en répondant à la question « Vers où ? ». La seconde partie concernera alors la naissance comme développement et la première comme apparition. (La première rejettera le non-être à l’origine de l’être et la seconde le non-être du mélange que font les mortels).
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